Le "Phénomène Eaton-Rosen" ou encore "Effet de la rime comme raison" est le nom que l'on donne à un résultat mal expliqué : des personnes auxquelles on demande de juger de la véracité d'une affirmation jugent "plus vraie" la proposition qui contient un élément esthétique (rimes, allitération ...).
Lorsque l'on demande à des gens de juger l'intelligibilité et la véracité d'une phrase/d'une affirmation, les formes les versions proposées avec rimes ou sous la forme d'un aphorisme intégrant une musicalité ont été jugées "plus précises" (1). D'où l'appellation " rime comme raison » que l'on donne aussi à cet effet. suggère que, dans certaines circonstances, les gens peuvent fonder leur jugement sur la valeur de vérité d'une déclaration en partie sur ses qualités esthétiques.
Il n'y a pas de réelle explication (au sens déterministe et rationnel) de ce constat, il y a plutôt une mesure à laquelle on applique des hypothèses. Cette façon que l'on peut avoir de trouver une réponse lorsque l'on ne dispose que de données incomplètes se nomme l'heuristique. Et concernant cet effet Eaten-Rosen, on parle beaucoup de l'heuristique de Keats.
(1) : The Keats heuristic: Rhyme as reason in aphorism interpretation – science direct
John Keats est un poète anglais dont certaines oeuvres sont considérées comme parmi les plus abouties de la littérature britannique. Pour écrire il utilisait, outre les comparaisons et les images, beaucoup d'éléments dits prosodiques, c'est à dire fondés sur les rythmes et musicalité des mots et phrases construites.
L'effet Eater-Rosen, en semblant mettre en lumière l'impact des rimes et allitérations sur la véracité perçue, sonne donc comme un écho à la façon que John Keats avait de mettre de la musique dans les mots pour les rendre plus expressifs.
La question de savoir si cette hypothèse est vraie est "assez complexe" à aborder. Par contre constater que l'effet est là est très simple : Quel sont ces slogans dont on se souvient si bien ? Faites le test. Comparez avec ceux dont vos amis/proches se souviennent. La musicalité ne sera pas systématique, mais elle sera fréquente.
Quel est donc cet outil marketing qui doit "parler" de façon explicite et imagée, le faire en peu de mots et de façon facile à mémoriser de telle sorte qu'il s'immisce dans un maximum de conversations ?
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C'est ça : le slogan. Cet effet Eaton-Rosen, au-delà d'une origine qui reste à expliciter de façon rationnelle, est d'abord un point de départ dans la conception d'un slogan. Il s'agit de déclencher quelque chose d'émotionnel qui va imprégner la mémoire et être associé à une marque. Il s'agit de mettre les mots en musique, sous la forme d'un aphorisme, en jouant des rimes ou allitérations ou quitte à créer des mots-valise (1).
(1) : exemple de mot-valise : clavarder <= clavier + bavarder).
Le slogan est donc fait de peu de mots, d'une musicalité ou au moins d'une construction attractive pour la mémoire, est associé à une marque et la fait vivre dans les conversations. L'histoire de la publicité nous offre quelques exemples francophones :
- "Quand y en a marre y a Malabar"
- « Un coup de barre, Mars et ça repart »
- « Il a Free, il a tout compris »
- « Il n’y a que Maille qui m’aille »
- « Quand c’est bon c’est Bonduelle »
- « A fond la forme » (Decathlon)
- « Des pâtes, des pâtes, oui mais des Panzani »
- « GiFi, des idées de génie »
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