Pour Freud on écrit pour être aimé. J’ai le sentiment que, pour entendable qu’elle soit, cette réponse ne concerne pas l’aspect essentiel de la question que je me pose. Ou à minima n’évoque pas d’autres motivations qui pourraient être les miennes. Et pas forcément que les miennes. Alors je reformule.
Pourquoi rassemble-t-on des signes cabalistiques (les lettres) en entités phonétiques au sens d’abord vernaculaire (les mots) que l’on organise selon des lois rigoureuses (la grammaire) de telle sorte qu’ils induisent la formation d’images mentales que l’on cherche ensuite à transmettre/diffuser ? Ne serait-ce pas une survivance de rites magiques ?
Je m’explique. Il y a quelques deux mille ans était affirmé que « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu. ». C’est l’Evangile selon Saint Jean. Si on continue de remonter le temps et que l’on se dirige du coté de Memphis (en Egypte, là où Ptah côtoyait Rê en tant que Dieu royal), il est affirmé que "Ptah conçoit le monde par la pensée de son cœur et lui donne la vie par la magie de son Verbe". Etonnante la similitude, non ?
Ce ne sont là que deux exemples. Il y en a d’autres.
Donc, si on évacue l’idée que ces mythes sont nés dans le cerveau dérangé d’humains appartenant à une civilisation sous-développée par ignorance de Sainte Technologie qui nous a donné le parcmètre à bandoulière et le presse-purée à ressort, c’est par la magie du Verbe que le Chaos devient ordonné.
Ordonné donc intelligible.
Parler ou écrire (la distinction est d’importance, mais on verra ça plus tard), c’est à dire assembler les mots d’une façon convenue par des règles, serait donc combattre une sensation de désordre par le fait de nommer les choses et les idées. Ce faisant, le monde nous deviendrait organisé et donc compréhensible. Et pour ne pas rester seul(e) avec ce capharnaüm, nous viendrait nécessairement l’envie de communiquer tout ça « comme on peut ».
Pour faire société ? Pour écrire l'Histoire afin de mieux la retenir, au cas où elle voudrait s'échapper ? Parce qu'il y a ceux qui ré-écrivent l’Histoire et ceux qui tendent à la restituer aussi fidèlement que possible. Il y a les récits fantastiques et les récits rassurants. Et puis il y a les contes. Ce qu’il y a de merveilleux, dans les contes, c’est que quelques centaines de mots suffisent à créer un univers.
Y aurait-il un démiurge retenu au fond de chacun(e) d’entre nous ?
Ci-dessous, donc, des univers qui naîtront et mourront au fil des lectures. Ou pas. J’ai détourné certains contes, j’ai repris l’essentiel du scénario de certains autres, toujours en citant le conte originel.
Mon objectif est très simple : changer le monde en infléchissant la façon de nommer les choses.
En toute simplicité.
Qui ça ? Prométhée ? Connais pas.
Bonne lecture à celles et ceux qui s'aventureront
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